« Comment les complémentaires santé peuvent-elles bénéficier de l’innovation numérique ? », tel était le thème ambitieux de la conférence ayant récemment réuni quelques « agitateurs » d’idées et représentants du secteur, dans un des élégants salons de la Maison des Arts et Métiers, avenue d’Iéna. 

Après une introduction assurée par Didier Ambroise sur les enjeux de l’innovation en santé, soumise à une évolution constante de la réglementation, un état des lieux de la « jungle numérique » dans laquelle évoluent les start-up a d’abord fait apparaître que le « marketing était la maladie de la e-santé ». C’est du moins le diagnostic énoncé par le Dr. Guillaume Marchand, président de France eHealth Tech qui, depuis deux ans, ambitionne de « peser dans le débat public », sur des sujets d’actualité tels que l’ouverture de la data ou l’hôpital numérique.  

Recensant les solutions digitales médicales sur l’ensemble du territoire, cette association les auditionne de manière juridique et réglementaire. D’après le spécialiste, au-delà de la recherche d’un indispensable modèle économique, leur manque de visibilité s’explique par « une absence de culture du numérique chez les professionnels de santé et les agences régionales de santé, dans le secteur assurantiel et mutualiste ainsi que du côté des patients, peu préparés à confier leurs données à leur complémentaire santé ». Une problématique centrale de développement pour ces start-up qui ont, elles aussi, « un vrai travail d’acculturation à mener».

 

La nécessaire interopérabilité des données de santé

Représentant la start-up e-Synaps dont il est le président fondateur, Olivier Lalanne est quant à lui venu témoigner de la réussite de la mise en place d’un réseau social à destination des professionnels de santé. Un outil adapté à leurs besoins qui leur assure une meilleure coopération médicale ainsi qu’une traçabilité et une sécurisation des échanges « en mode cloud, puisque nous avons négocié, dès le départ, le virage de l’interopérabilité ». Cette nécessité pour éviter les différents silos de données est également ressortie des propos d’Alain Guyot-Sionnes, lors de son évocation d’Audiopro, la première plateforme d’optimisation du parcours de soins du malentendant.

Bel exemple de programme de prévention des maladies cardio-vasculaires conçu par MGEN, Vivoptim a retenu l’attention, lors de sa présentation par Virginie Fémery, directrice Santé et Prévention des services innovants au sein du groupe VYV. L’accompagnement motivationnel, la personnalisation et l’encadrement par des professionnels de santé sont au cœur de cette solution technique très évolutive, qui sera bientôt accessible à l’ensemble de la population. « Pour plus de performance, nous nous sommes servis des retours d’expériences de la version pilote, testée sur une cohorte de 8500 adhérents. Les futurs utilisateurs pourront ainsi véritablement visualiser le parcours de leurs données de santé. »

 

 

Vers une médecine numérique ?

Ces exemples concrets laissent-ils augurer une meilleure connexion des complémentaires santé, souvent considérées comme « des payeurs aveugles », avec les starts-up de santé ? C’est l’un des souhaits du Dr. Christophe Richard, directeur médical de Santéos, pour qui le rapprochement entre le monde de la santé et celui des ingénieurs est une urgence afin de concevoir demain une « médecine numérique », capable d’hybrider des compétences issues de l’ingénierie numérique avec celles des médecins ». Dans cette optique, l’articulation entre deux écosystèmes cloisonnés - l’un producteur de soins, l’autre relevant de l’économie de la santé et de la protection sociale – via le numérique et dans lesquels les données se mutualiseront en confiance (c’est-à-dire de manière sécurisée et éthique) dans l’objectif de faciliter l’émergence d’outils médicaux (éthique par nature dès la conception), est primordiale. 

En conclusion de ce temps d’échanges particulièrement riche et suivi par une assistance très attentive, Manuel Gea co-fondateur de CentraleSanté - a souligné que la priorité était de garder, reconnaitre et valoriser le vrai sens « métier » ou « médical ». Se référant, à la diffusion d’un récent position paper intitulé « Comment réussir ou sauver sa transformation digitale quand la complexité des métiers et des organisations fait de la résistance ! », il a mis en avant l’existence d’une possibilité d’agir autrement. « Si l’on sort du cadre, on se rend compte que la révolution numérique va permettre à des acteurs intelligents de jouer un rôle majeur, le digital n’étant qu’un moyen puissant et largement disponible pour y parvenir. »

 

Retrouvez l'intégralité de la conférence en vidéo 

 

Pour aller plus loin : le point de vue de Didier Ambroise 

Plusieurs constats peuvent être réalisés dans le contexte actuel de l’innovation numérique : 

  • l’industrie de l’Assurance, acteur majeur de l’économie nationale et internationale de par ses capacités d’investissement, doit faire face depuis le début des années 2000 à une multitude d’obligations réglementaires ou légales (solvabilité 2, réformes successives de l’assurance maladie, RGPD…). Les capacités de conduite de projet et de développement informatique des assureurs et mutuelles sont accaparées par le respect de ces obligations juridiques, à plus de 80% pour les ressources internes, avec le soutien de cabinets de consultants. Cela ne laisse plus que 20% de charge disponible pour l’innovation, ce qui pousse les grands groupes à externaliser leur « R&D » auprès des start-up (comme le font les laboratoires pharmaceutiques depuis deux décennies). 
  • l’écrasante majorité des start-up ne survie pas plus de 3 à 4 ans, le taux de survie est de 10 à 20% à 5 ans, la traversée de la « vallée de la mort » peut être longue pour une start-up dont l’horizon de trésorerie n’est souvent que de quelques mois. La différence de culture entre les start-up et les grands groupes ne crée pas toujours les synergies attendues
  • les « murs » mis à disposition au travers d’incubateurs publics ou privés et autres IRT (Institut de Recherche Technologique) dédiés ne sont pas tous « remplis » d’une part, et d’autre part, n’apportent pas ou peu de support au travers de services à valeur ajoutée (juridique, administratif, financier, …) pour les jeunes pousses admises dans ce genre de structure.

Certains acteurs de l’assurance cherchent des solutions pour intégrer cette innovation externalisée des start-up :

  • soit en intégration de solutions de jeunes pousses au sein de plateformes propriétaires (avec un ticket d’entrée important, et des risques sur le bon aboutissement du projet – coût, délai, qualité)
  • soit sous forme de prise de participation capitalistique (jusqu’à la filialisation de la start-up)
  • soit au travers de partenariats avec le risque de perte rapide de l’avance concurrentielle.

 

« Intrapreneuriat Augmenté »

Une autre voie est possible en essayant dès le départ, d’accompagner voir de coacher en temps réel, les start-ups via la création de « Business Unit » dédiée, dont l’objectif est d’identifier dès leur création, les convergences et les synergies de leurs innovations avec le positionnement métier du groupe.

Pour concrétiser une telle approche, il faut envisager l’intervention d’un tiers expert de confiance. Cette expertise est apportée par Doshas Consulting de par sa connaissance des problématiques métiers du médicosocial, du contexte juridique et de sa complexité, des enjeux techniques et numérique des DSI des grands groupes d’assurances, et surtout de ses « success-story » dans l’accompagnement de start-up (notamment dans le respect de la règlementation sur l’hébergement des données personnelles de santé – HDS).

Doshas Consulting peut accompagner concrètement et de manière opérationnelle l’innovation numérique au sein des groupes d’assurance et mutuelles, ainsi que les laboratoires pharmaceutiques.

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