Nos publications

L’expertise militaire au service d’une nouvelle manière de manager

Comment prémunir la population de la défiance vaccinale ?
Avec près d’une personne sur deux déclarant vouloir refuser de se faire vacciner contre le Covid 19, la France se distingue au niveau européen par sa défiance vis-à-vis des recommandations vaccinales et plus généralement celle des institutions politiques. Piqûre de rappel avec la récente étude d’Antoine Bristielle, expert à la Fondation Jean-Jaurès.
Votre étude fait ressortir la défiance d’une majorité de Français face à la vaccination contre le COVID. Cette défiance, qui apparait comme une spécificité française, touche-t-elle plus particulièrement les hommes, les femmes, certaines tranches d’âges et classes sociales ?
« Les femmes sont largement plus défiantes que les hommes puisqu’elles sont 50% à dire qu’elles refuseront de se faire vacciner contre 35% chez les hommes. La raison principale qui explique cette différence est la peur ressentie non seulement pour soi mais également pour les enfants, les mères ayant intégré l’idée qu’elles doivent les protéger des différents périls de leur existence.
En fonction de l’âge, ce sont plutôt les jeunes qui se montrent les plus réticents, peut être parce que l’assertion à la vaccination repose sur une sorte de calcul entre avantages et risques potentiels. Pour les convaincre, il me parait intéressant de miser sur leur altruisme et leur sens de la solidarité.
L’analyse des résultats par classes sociales ne révèle aucune différence dans le taux de consentement et de défiance, ce qui montre bien que le rejet de la vaccination contre le Covid-19 est extrêmement large et ne concerne pas qu’une faible proportion de Français. Cette particularité hexagonale a pour origine le fait que plus les personnes vont avoir confiance dans leurs institutions, en particulier les institutions politiques, plus elles vont avoir tendance à accepter les recommandations sanitaires préconisées.
Or, en France, on observe des niveaux de défiance institutionnelle extrêmement importants qui conduisent au refus des nouveaux vaccins annoncés. »
Pour rétablir la confiance, l’une des pistes ne serait-elle pas d’impliquer les médecins libéraux et professionnels de santé de proximité, tout en tirant les leçons de la campagne vaccinale H1N1 ?
« Différentes études longitudinales montrent effectivement qu’il ressort une vraie baisse du consentement en France depuis l’épisode de la grippe H1N1. Une baisse en partie due à la crainte que des enjeux financiers aient motivé la politique française d’achat massif de vaccins plutôt que des enjeux de santé publique. D’autant plus que la mise en évidence de certaines collusions avec le milieu des laboratoires pharmaceutiques a jeté le discrédit sur le gouvernement et que les conséquences de l’épidémie n’ont pas été aussi graves que celles redoutées.
Une étude récente menée en France, au Royaume Uni et en Espagne met en évidence que la thématique revenant fréquemment dans les discussions les plus partagées sur les réseaux sociaux à propos du vaccin est celle de la transparence financière. Elle démontre la crainte de l’opinion publique que les intérêts économiques soient moteurs dans la gestion de la pandémie.
Au sondage réalisé la semaine dernière dans plusieurs pays européens qui posait la question : « A qui faites-vous confiance par rapport à la politique vaccinale concernant le Covid ? », les Allemands, les Italiens et les Britanniques ont majoritairement répondu les institutions médicales, le gouvernement et les scientifiques institutionnalisés, tandis que les Français ont déclaré massivement faire confiance à leur médecin traitant, exprimant de cette manière une exigence de proximité.
Associer ces professionnels de santé aux futures campagnes de vaccination est donc un des enjeux pour rétablir la confiance envers les institutions scientifiques jugées trop lointaines et quelques fois illégitimes. Au début de la pandémie, 90% de la population française accordait leur confiance aux institutions scientifiques contre 70 % aujourd’hui. »
Quels sont, selon vous, les conditions pour réussir la prochaine campagne vaccinale ?
« Quand on demande aux personnes d’expliquer les raisons de leur refus de se faire vacciner -et leur nombre est en constante augmentation depuis les dernières annonces sur l’avancée des tests - elles mettent en avant le manque de recul suffisant et la crainte des effets secondaires. D’où la nécessité, à mon avis, d’accompagner le grand public dans ses choix, en faisant preuve de pédagogie et de transparence sur l’état de la recherche, les mécanismes de contrôle et la sûreté des produits. La population a besoin d’être rassurée par des informations fiables, émanant d’institutions comme l’Institut Pasteur ou l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), dans un climat médiatique apaisé.
La mise en scène des différentes controverses scientifiques a été contre-productive en matière de prévention, créant une sorte de brouhaha qui altère les messages au profit du spectaculaire. Si la tendance est de pointer du doigt les réseaux sociaux, les média classiques ont eux aussi leur part de responsabilité. En particulier la télévision qui invite des médecins ou des spécialistes pour créer la polémique, faire du buzz, en dépit des effets délétères en termes de confiance dans la politique sanitaire.
Les Français ont besoin d’être préparés, comme c’est le cas en Allemagne où l’éventualité de disposer d’un vaccin est installée dans le débat public depuis déjà plusieurs mois. Le manque d’anticipation dans notre pays donne l’impression de se positionner plus dans la réaction que dans l’action et d’être toujours un peu pris de cours… Il ne faut pas oublier non plus l’importance des relations privilégiées avec les pédiatres ou les généralistes dans la décision finale et l’assentiment du plus grand nombre de nos concitoyens. Cette question de la proximité est vraiment primordiale pour activer les bons leviers.
Enfin une large proportion de personnes qui se déclarent contre les vaccins sont méfiantes de bonne foi et ne demandent qu’à voir. Néanmoins, les questions sanitaires sont un terreau extrêmement fertile pour les thèses complotistes, ce qui implique de rester vigilant ! »
Retrouvez l’étude en ligne : https://bit.ly/Etude_DefianceVaccination

Cyber-Assurance pour les établissements de santé : l’aléa du risque reste à vérifier !
Evolution récente et inquiétante, le secteur de la santé par les données qu’il détient intéresse vivement les cyber-pirates. Pas question de compter sur l’éthique de ceux qui, au plus fort de la crise sanitaire, ont mené des attaques virulentes à son encontre. Quels sont les risques et les moyens de s’en prémunir ?
Le point avec Frédéric Rousseau, responsable de marché cyber chez Hiscox assurances.
Quelles sont les types de cyber-attaques majeurs auxquelles peuvent être confrontés les professionnels et établissements de santé ?
« Il existe deux types d’attaques majeures. Un sinistre court et intense de type Ransomware qui bloque l’exploitation du système d’informations, génère des frais importants et dont l’impact indirect peut parfois être dramatique pour les établissements de santé, comme ce fut le cas récemment dans une clinique de Düsseldorf, où une cyber-attaque a empêché la tenue d’une intervention dans les temps, entrainant le décès d’une patiente.
Quand les données des patients sont subtilisées puis exploitées par les cyber-pirates ou les receleurs des informations vendues, il s’agit d'un sinistre long pour lequel il ne faut pas minimiser les conséquences pour l’organisation qui n’aurait pas su sécuriser ses données. Les réclamations sont à la hauteur des préjudices potentiels subis par les patients qui peuvent être victimes d’une usurpation d’identité ou d’une divulgation publique de pathologie pouvant desservir leur vie sociale ou professionnelle. Au-delà de procédures longues et coûteuses pour indemniser les tiers, l’autorité administrative compétente, la CNIL, peut diligenter une enquête et aller jusqu’à sanctionner à terme. Certaines attaques combinent ces deux aspects, avec cryptage de données et extraction de données, le tout accompagné d'une demande de rançon.
Au-delà de faire jouer la responsabilité de l’organisation, personne morale, ces attaques peuvent être révélatrices d’un tout autre sinistre trop souvent oublié : la mise en jeu de la responsabilité personnelle du ou des dirigeants.
Ainsi, si malgré les enjeux et obligations, il s’avère qu’ils n’avaient pas fait le nécessaire pour protéger les systèmes et données stockées, cela pourrait constituer une faute de gestion. »
Les organisations peuvent-elles se prémunir de tels enjeux financiers, opérationnels, juridiques et réputationnels, en souscrivant un contrat d’assurance ?
« Afin de répondre à cette problématique, les assureurs ont développé pour les organisations des produits qui incluent notamment la garantie des pertes d’exploitations, des conséquences d’attaques par ransomware, le volet assurance dommages au tiers et surtout une assistance solide donnant accès à des experts en cyber-sécurité pour identifier les failles et reconstituer les données, des experts en communication de crise et bien entendu des experts juridiques.
Les dirigeants peuvent également bénéficier de contrats spécifiques. Toutefois et compte tenu des enjeux, avant de proposer ces garanties, les compagnies opèrent une nécessaire sélection du risque. L’organisation souhaitant s’assurer doit démontrer qu’elle a su, au regard des enjeux, mettre en place les « premières défenses » en disposant des moyens techniques et des politiques appropriés.
L’assurance ne sert en effet qu’à transférer la partie du risque, certes conséquente, que l’organisation elle-même ne pourrait assumer avec ses propres moyens en cas de crise. Un contrat d’assurance ne peut pas résoudre les déficiences avérées. Si les données et leurs accès ne sont pas sécurisés, dans les cas extrêmes il n’y a plus d’aléa, et sans aléa : il ne peut y avoir d’assurance. Par ailleurs, faute de sauvegardes de qualité, le travail des experts sera nécessairement plus compliqué, long et onéreux ! »
Les directeurs hospitaliers sont-ils, selon vous, suffisamment conscients des risques cyber et sensibilisés aux bonnes pratiques informatiques ?
« Les professionnels de la cyber-sécurité et les assureurs spécialistes constatent avec préoccupation, un déficit, non de compétences des DSI, qui méritent à n’en pas douter plus d’écoute de la part des dirigeants, mais de moyens et de formations des utilisateurs. A ce jour, trop d’établissements, pour ne pas dire une majorité, sont dépourvus des moyens de base avec des systèmes parfois obsolètes, des solutions de sauvegarde non pertinentes vis-à-vis des attaques par ransomware et parfois éloignées des standards de la certification HDS, des accès à distance des praticiens non sécurisés, des transferts de données non cryptées, etc…
N’étant pas préparés à faire face à une cyber-attaque et ne répondant pas aux règles édictées par le RGPD, certains établissements ne peuvent être assurés faute d’être assurables, tandis qu’à travers des appels d’offres mal calibrés ou conscients de la qualité du risque qu’ils constituent certains sont insuffisamment garantis.
Si les établissements ayant pu développer une politique complète de management de leur risque cyber sont encore trop rares, ils existent tout comme les solutions.
Le secteur de la cyber-sécurité dispose d’outils techniques pertinents et d’audits spécialisés pouvant aider à cartographier les risques et définir une stratégie efficace devant s’exprimer in fine dans un plan de continuité d’activité intégrant les cyber-évènements. La formation des personnels et praticiens – essentielle - sur l’hygiène en cyber-sécurité peut aussi s’effectuer par des sessions d’e-learning[1]. Toutefois, une bonne défense vis-à-vis des cyber-attaques, si elle n’est pas suivie et mise à jour régulièrement, pourrait s’avérer obsolète en quelques années si ce n’est quelques mois. Nous constatons d’ailleurs sur ce point une meilleure agilité des structures privées. Le temps de la prise de conscience est passé. Aujourd’hui, celui de l’action s’impose et les dirigeants d’établissements peuvent être accompagnés. »
[1] Hiscox a développé pour des structures de moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires ou de budget de fonctionnement, un outil dédié pour ses assurés : a CyberClear Academy

Accélérer la transformation de la santé, sans changer de cap !

#TechForRescue : L’innovation technologique au service des secours de demain
Fédérer différents acteurs des écosystèmes de la Tech, de la santé, de la sécurité et de la défense pour mettre la technologie et l’innovation au service des métiers de sapeurs-pompiers, tel est l’un des objectifs d’Atraksis. Une jeune association aux projets ambitieux présentée par son président, Thibaut Reffay, fervent défenseur de l’intelligence collective.
Après plusieurs expériences dans le secteur privé, pourquoi avoir choisi d’intégrer le corps des sapeurs-pompiers et fondé l’association Atraksis, dédiée à la co-construction des secours de demain ?
« Ayant découvert le secours lors de saisons en tant que maitre-nageur sauveteur sur les plages de Lacanau, je désirai exercer un métier orienté terrain et m’impliquer professionnellement dans le service public. Devenir sapeur-pompier répondait pleinement à cette quête de sens.
Avec deux autres élèves officiers, nous avons créé Atraksis en 2017, motivés par le constat que les enjeux de la transformation numérique, de l’innovation portée par l’intelligence collective et de la diversité des expertises n’étaient pas des priorités pour les organisations dans le monde du secours. En effet, face à l’explosion ces dernières années du champ des connaissances, la tendance consistant à recruter des profils assez homogènes, avec des compétences bien identifiées, parait désormais dépassée.
A un moment donné, pour avancer, il est nécessaire d’être entouré d’experts dans de multiples domaines, que ce soit celui des nouvelles technologies ou des sciences sociales ouvrant sur un vaste champ des possibles ainsi que de personnes en capacité de faire le lien entre ces différentes expertises. Pour entamer une transformation globale du système et non pas juste l’un de ses pans, nous pensons qu’il est aujourd’hui primordial d’arriver à connecter ces différents acteurs.
C’est vraiment cette idée de synergies innovantes et de co-construction sur des sujets essentiels pour l’avenir des services d’incendie et de secours que nous souhaitons impulser avec notre structure associative. »
Concrètement, comment allez-vous concrétiser votre ambition ?
« Les sapeurs-pompiers qui peuvent parfois avoir le sentiment d’être un peu les oubliés de la Tech ne représentent que 40 000 professionnels et 200 000 volontaires. Des effectifs réduits pour un budget global de la sécurité civile relativement faible comparé à d’autres. L’organisation structurelle sur le terrain et la libre administration des collectivités territoriales à l’échelle départementale conduisent à une hétérogénéité des services de secours qui est également un frein à la mise en œuvre de sujets d’ampleur.
C’est pourquoi, dans un premier temps, notre ambition au sein d’Atraksis est de promouvoir les possibilités d’innovation auprès des organisations par le biais d’événements, comme des conférences, faisant intervenir des experts de la transformation et du recrutement. Si les secours sont un secteur d’activités au carrefour des domaines de la sécurité/défense et de la santé, ils ne disposent pas d’une capacité de transformation identique, faute d’intérêt économique.
En revanche, il nous parait pertinent de veiller ces deux écosystèmes stratégiquement très importants et de développer, dans un second temps, des connections afin d’identifier des briques d’expertises potentiellement intéressantes, pouvant déboucher sur des avancées technologiques ou de grosses innovations de rupture applicables à nos métiers. Prenons l’exemple significatif de l’inter-connectivité des véhicules sur un théâtre d’opération et le programme Scorpion, symbole de la mutation technologique de l’armée de terre. A l’instar des militaires de l’infanterie, nos « soldats » ont besoin sur le terrain de pouvoir communiquer entre eux de manière très rapide et sécurisée. Le partage d’informations est donc extrêmement important dans l’aide à la décision et l’efficacité des interventions.
D’où la volonté d’interagir auprès du secteur privé et de faciliter le développement de projets élaborés par des grands groupes industriels ou des start-up, s’inscrivant dans notre démarche active de #TechForRescue. Ce sera la vocation de notre futur Lab Secours que nous allons lancer d’ici la fin de l’année. »
Ce Lab Secours, véritable incubateur dédié aux secours fait partie de la feuille de route 2019-2024 que vous avez élaborée. Quels sont ses points forts ?
« La création de ce Lab Secours, conçu comme un hub, s’inscrit dans une dynamique d’open innovation. Son principal intérêt sera de faire travailler ensemble des acteurs de notre secteur avec ceux des domaines économique et universitaire, partant du principe que chacun à sa place dans l’élaboration de projets allant impacter et améliorer les services d’incendie et de secours rendus aux usagers. En faisant connaître nos problématiques métiers de sapeurs-pompiers à l’écosystème de la Tech, nous pourrons exercer dans de meilleures conditions, en ayant par exemple recours à l’utilisation de l’intelligence artificielle ou de la réalité augmentée.
De tels outils technologiques peuvent nous permettre de sauver des vies ou de limiter les conséquences d’une pathologie. Aujourd’hui, certains grands groupes ont des difficultés à se réinventer alors que de petites entreprises ont une expertise très précise qui pourrait leur être précieuse. Idéalement, cet incubateur aura demain un fonctionnement à deux vitesses. Sur le long terme et de manière formelle, il intégrera les institutions pour mener des appels à projets définis par nos centres opérationnels ou accélérer des initiatives d’innovation que nous aurons préalablement identifiées. En circuits plus courts, il s’agira de collecter les remontées d’idées des services d’incendie et de secours puis de les connecter aux entreprises travaillant sur des sujets identiques, en leur permettant d’agréger leur force.
Petite association aux projets ambitieux, nous arrivons aujourd’hui à une sorte de point pivot. Représentants du public et du privé partagent le constat et valident le concept. Notre objectif est d’amener les premiers à monter dans le train pour qu’un plus grand nombre participe par la suite à l’aventure. Une fois que nous aurons livré du concret, notre démarche associative pourrait devenir à terme une Agence Innovation Secours à l’image de l’Agence Innovation Défense du ministère des Armées ! Les secours étant un sujet très fédérateur, notre rêve idéaliste serait de parvenir à une sorte d’incubateur mondial pour préserver la vie humaine, sur du quotidien ou de l’exceptionnel… »

Une brève histoire de l’avenir de la e-santé
La crise sanitaire du COVID-19 a été révélatrice de certains dysfonctionnements de notre système de santé : manque de blouses, de gants, de gel hydro-alcoolique, de respirateurs en lits de réanimation… et aujourd’hui, après la fin du confinement, la capacité de réaliser des tests sérologiques en grand nombre…ou d’identifier rapidement les « clusters ».
Au-delà de ces dysfonctionnements, nous avons cependant observé une très grande solidarité de nos concitoyens pour faire face aux impacts de la maladie et du confinement : fabrication de masques, livraison de repas aux soignants, maintien des liens sociaux avec les personnes âgées/dépendantes/isolées… mais hélas également des comportements inappropriés (cf. mon édito du mois d’avril[1]).
Au cours de cette période inédite, l’usage de la téléconsultation s’est imposé de lui-même, probablement accéléré par la peur de la population d’être contaminée lors d’une consultation en ville ou à l’hôpital. Les chiffres[2] de l’Assurance Maladie montrent bien ce décollage : plus d’un million de téléconsultations la 1ère semaine d’avril 2020 vs 10.000 par semaine avant mars 2020 !
Il est fort probable que la télémédecine soit (enfin) entrée dans les pratiques médicales. Elle est tout du moins devenue maintenant un « service » adopté et souhaité par les patients[3]. Pour allier efficacité et humanité, il est donc urgent de promouvoir, au sein de notre système de protection sociale, un véritable parcours digitalisé du patient.
Sous la forme d'un storyboard, imaginons une brève histoire de l’avenir de la e-santé et projetons-nous en 2030 !
En amont d’une prise en charge :
Le patient Némo, au travers d’une alerte générée par sa montre connectée qui permet un suivi de son rythme cardiaque, indique un risque d’infarctus du myocarde ! Des notifications l’en informent sur différentes interfaces (application mobile, objet connecté lui-même, messagerie électronique...).
Dans le cas où il ne consulterait pas la notification sous un délai paramétré en amont, son « ange gardien numérique », prénommé Raphaëlle, intervient alors pour lui éviter le pire. Raphaëlle est une IA éthique[4] développée par un consortium public-privé. Elle est programmée pour envoyer directement la notification d’alerte à un centre d’appels « médicalisé » où un professionnel de santé. Grâce à son intervention, une infirmière spécialisée ou un assistant de régulation médicale (ARM) peuvent détecter et qualifier le risque de manière très fine, avec l’aide de plateformes multiservices de e-santé comme Anamnèse[5], sous la supervision d’un médecin spécialiste (urgentiste et médecin numérique[6]).
L’ARM de la plate-forme téléphonique santé, faute d’avoir pu joindre le patient directement, prend alors contact avec les services d’urgence (Pompiers/SMUR/SOS médecins : l’intermodalité des services étant depuis longtemps mise en place grâce aux travaux d’interopérabilité des Systèmes d’information SAMU et Pompiers NeXIS) en transmettant les informations d’alerte et déclenchant l’intervention des secours.
Toutes ces innovations ont émergé de l’initiative #TechForRescue de l’association Atraksis[7].
Si Némo est joignable, l’assistant de régulation médicale voit immédiatement, par un appel « augmenté » de type Speakylink[8] (solution de téléconsultation vidéo), son teint blafard et déclenche aussitôt les services d’urgence adéquats en fonction de sa géolocalisation. Les smartphones, en 2030, permettent l’activation forcée de la puce GPS de l’appareil en mode « bris de glace ». Parallèlement, les bons samaritains[9] sont prévenus pour pouvoir prêter assistance aux patients, en attendant l’arrivée des secours.
Au cours de la prise en charge :
Sur le terrain, les équipes de secours Pompiers ou SAMU sont équipées pour transmettre un ECG directement au cardiologue et confirmer, par télédiagnostic, une intervention rapide au bloc, comme une pose de stent ou une chirurgie cardiaque si l’état du patient est jugé trop grave. Grâce à une gestion optimisée des places en temps réel et un déploiement du Répertoire Opérationnel des Ressources (ROR), la structure hospitalière pré-identifiée pour l’intervention est en capacité de préparer, dans des conditions optimales, une prise en charge fluidifiée.
En aval de sa prise en charge :
Némo choisit, à partir à son lit d’hospitalisation, son télésuivi post-op à partir d’une liste de différents prestataires recensés dans le cadre de l’espace numérique de santé (ENS), créé à la suite du programme Ma Santé 2022[10]. Sa décision est éventuellement guidée par la recommandation de son médecin traitant qui utilise une version professionnelle du Bouquet de Services, interconnecté avec le dossier patient informatisé de l’hôpital et en cabinet libéral. En effet, le médecin traitant de Némo est prévenu en quasi-temps réel de son incident cardiaque, et non pas entre 2 à 4 semaines après sa sortie par un courrier papier de l’hôpital ou une semaine si l’établissement avait mis en place la messagerie sécurisée de santé (MSSanté) comme c’était le cas il y a encore quelques années.
Némo peut ainsi retourner sereinement à son domicile et bénéficier de différentes offres de services, notamment la livraison de matériel médical à domicile, effectuée souvent par drone, et éventuellement une aide-ménagère ou de livraison de repas, le temps de sa convalescence. Némo a la chance d’habiter Grenoble et son Conseil départemental lui permet d’accéder à ce service au travers d’Isere@Dom[11].
Autre cas à forte probabilité d’occurrence : les maladies chroniques.
En amont d’une prise en charge :
Après son incident cardiaque et sa récupération, Némo est maintenant insuffisant cardiaque. Ayant souscrit à Vivoptim Solutions[12] , il bénéficie d’un télésuivi par la plate-forme médicalisée à distance de sa mutuelle. Il dispose ainsi d’une prise de contact régulière par son infirmière référente pour qu’il réalise ses exercices physiques, y compris de temps en temps un test rapide de son état de santé psychologique. Comme après le confinement en 2020, son incident cardiaque a sur lui l’effet stressant d’un « choc post-traumatique ».
En phase de prise en charge
Le médecin traitant de Némo peut réaliser une téléconsultation lors des visites de l’infirmière à qui la délégation de tâches permet, notamment, la pose de capteurs pour permettre un ECG de contrôle. Cet ECG est interprété en temps réel, par un algorithme-expert, validé par la Haute Autorité de Santé (HAS). En effet, le matériel utilisé par l’infirmière est bien un dispositif médical (DM), au sens de la réglementation. Némo a eu de la chance lors de son incident cardiaque puisque sa montre connectée n’a pas obtenu le marquage européen CE. Cette société est d’ailleurs en perte de vitesse, car le non-respect de la réglementation des DM[13] lui a coûté très cher : son modèle de montre connectée ne détectant des problèmes cardiaques qu’une fois sur deux, les procès avec les familles de patients décédés ont été le scandale sanitaire de l’année 2030.
Heureusement pour Némo, le cardiologue en téléconsultation est disponible ce jour-là. Il indique à distance à l’infirmière certains gestes pour compléter l’examen clinique. Le cardiologue décide de prescrire les éventuels compléments d’examens comme une écho-cardiaque pour s’assurer que le stent n’a pas bougé, et de modifier l’ordonnance de son patient, transmise directement par e-Prescription dans son dossier médical en ligne qu’il pourra partager avec sa pharmacie de quartier. Cette dernière lui délivrera ensuite le médicament, directement au guichet ou via l’application mobile.
En outre, l’infirmière libérale a la possibilité de lui faire sur place un rappel d’un certain nombre de bonnes pratiques sur le suivi de son régime alimentaire, son activité physique encore trop irrégulière ou bien encore sur les consignes à suivre, en vue de son écho-cardiaque qui l’inquiète un peu (pour l’avoir vu pratiquer, lors de mes études[14] au service de cardiologie du CHU de Grenoble-Alpes, avaler une sonde échographique n’est pas très agréable ! ). C’est son infirmière elle-même en tant que professionnelle de santé qui sollicite le RDV auprès du radiologue selon les disponibilités de Némo, à partir de son application d’agenda partagé professionnel. Némo peut, bien entendu, modifier son rendez-vous en cas d’imprévu. Si l’examen complémentaire est urgent, il est pris en charge directement dans la continuité de son rendez-vous par l’infirmière, avec la réservation d’une ambulance pour faciliter son transport.
Ce parcours montre clairement que la prévention est indispensable.
Némo regrette que les services de suivi de santé au sein de son entreprise auprès de la médecine du travail n’aient pas été mis en place suffisamment tôt pour lui permettre de bénéficier de toutes les actions de prévention. Il aurait été plus facile d’anticiper toute la séquence de soins décrite précédemment.
En effet, identifié comme un profil à risque, Némo aurait pu être orienté depuis plusieurs années vers différents acteurs capables de limiter voire d’endiguer les mauvaises habitudes de vie le conduisant inexorablement vers cet infarctus du myocarde.
Il aurait ainsi pu bénéficier des différentes offres de sa mutuelle santé financée par son employeur et suivre en continu les évolutions des bonnes pratiques recommandées par les instances nationales et internationales, basées sur des preuves scientifiques complémentaires de la médecine personnalisée, préventive, prédictive et participative (Médecine 4P) complétée par les Preuves : la fameuse médecine des 5P !

L’intelligence artificielle, le stéthoscope 2.0 de la médecine 4P
Contribuer à une médecine plus humaine et plus efficace, c’est la volonté qui anime Jérôme Bourreau, co-fondateur et président d’Anamnèse, la plateforme de services dédiée à la digitalisation des parcours de soins. Quand l’intelligence artificielle médicale rime avec une prise en charge optimale, elle devient un outil essentiel comme le stéthoscope en son temps…
Quelle est la genèse d’Anamnèse, la plateforme multiservices de e-santé que vous avez co-fondé, en 2017, pour une meilleure digitalisation des parcours de soins ?
« Notre idée de départ était d’utiliser le temps d’attente du patient avant une consultation avec un professionnel de santé pour la rendre plus riche, plus efficace et plus humaine. Quand on arrive à l’hôpital, on passe d’abord entre les mains d’un étudiant externe en médecine qui retrace l’historique de la maladie ou des symptômes à l’aide d’une série de questions, afin de guider le spécialiste dans son diagnostic. C’est ce que l’on appelle l’anamnèse, nom qui qualifie parfaitement la raison d’être de notre plateforme multiservice multilingue, celle de créer un parcours de soins digitalisé et personnalisé. En fonction du besoin métier, nous sommes capables d’agencer de manière rapide et agile différents modules en ligne de téléconsultation, préparation de consultations, logiciel métier, prise de RDV, dépistage ou bien encore suivi protocolisé. Nous sommes, de plus, hébergeur de données de santé (HDS) et disposons d’un dossier patient et de différents logiciels de téléconsultation. A titre d’exemple, nous avons lancé l’application Eiyo, consacrée au suivi patient en dénutrition et le logiciel Anesthésie, qui englobe le questionnaire de pre-consultation anesthésie dématérialisé, son logiciel de consultation, la téléconsultation et le suivi post opératoire, Geriapp un logiciel de coordination EHPAD Ville-Hôpital.
La grande force de l’intelligence artificielle d’Anamnèse est qu’elle est explicable. Elle consiste à poser des mots sur des maux, et j’aime la comparer au stéthoscope qui a, en son temps, révolutionné la pratique et les mentalités médicales, avant d’en devenir le symbole. Lorsqu’il a été inventé au début du XIXe siècle, le praticien posait son oreille sur le dos du malade, derrière un chiffon de soie, pour savoir s’il souffrait de problèmes pulmonaires. Cet outil, à l’époque tant décrié, permet d’écouter de manière fine les fréquences sonores et d’en mettre en exergue certaines. Il existe une vraie analogie avec l’IA dont nous nous servons, qui fait de même non pas avec des fréquences sonores, mais avec les réponses du patient qu’elle analyse pour faciliter le diagnostic médical. »
La crise sanitaire de la COVID 19 a-t-elle accéléré le déploiement d’Anamnèse ?
« Effectivement, dès que nous avons pris conscience de son ampleur, nous avons créé l’application covidHELP, en trois semaines, en assemblant quatre de nos modules, celui du dépistage, de la téléconsultation, du logiciel médecin et du suivi patient protocolisé. Elle est aujourd’hui utilisée quotidiennement par 12 000 employés, principalement des pompiers dans les départements de l’Allier, la Corse, la Seine et Marne et les Yvelines. Les réponses à un questionnaire d’évaluation servent à détecter d’éventuels symptômes à risque. Nous alertons ensuite les services de la médecine du travail qui préviennent directement la personne concernée et décident, le cas échéant, son isolement de manière préventive. Depuis son lancement le 25 mars dernier, elle a permis la détection de quatre foyers d’épidémie et de couper court à la propagation du virus dans les casernes concernées.
Les retours de ces « soldats du feu » qui ont le bien commun chevillé au corps, tant ils représentent un service essentiel, sont d’ailleurs très gratifiants. Peu mis en avant par les médias dans la lutte contre la COVID19, ils ont été touchés que leur employeur prenne soin d’eux. A mon avis, on ne les remercie d’ailleurs pas assez !
Ce qui est très intéressant avec covidHELP, c’est aussi l’apport en termes d’efficacité organisationnelle et le cloisonnement entre des données personnelles de santé sécurisées et des données managériales en temps réel, pour faciliter la gestion des effectifs mobilisables, permettant ainsi une garantie de continuité de service des secours. »
Constatez-vous une évolution des mentalités susceptible de favoriser le développement de nouvelles applications ?
« La crise sanitaire a fait sauter beaucoup de tabous ! Jusqu’à présent, les professionnels de santé restaient, en majorité, dubitatifs a l'égard des outils numériques, arguant que rien n’égalerait jamais le contact humain avec les patients. Les patients tenaient d'ailleurs le même discours. Tout d’un coup, la téléconsultation a révélé ses avantages et maintenant beaucoup souhaitent continuer cette formule gagnante-gagnante qui libère du temps pour enrichir les échanges durant la consultation, et par exemple permettre l'alliance thérapeutique. Chez Anamnèse, nous avons deux projets en préparation. Le premier qui s’appelle Mentana est un outil de dépistage psychiatrique lié aux conséquences psychiques de la COVID 19. Il va servir à accompagner et coacher les personnes ayant mal vécu le confinement ou celles qui, déstabilisées par la crise économique, ont besoin d’une aide ponctuelle pour gérer leur souffrance. A partir de leurs réponses à nos différents questionnaires, nous les aiderons à s'auto-évaluer, et leur fournirons les fiches conseils adéquats pour faire le premier pas.
Grâce à leurs réponses à un questionnaire dédié, ils pourront se situer sur un graphe par rapport à la moyenne des individus et avoir accès à des fiches conseils pour progresser et se remesurer. Sachant qu’ils seront guidés le cas échéant vers des professionnels de santé capables de les prendre en charge. Le deuxième, que nous avions commencé à lancer en février, s’intitule Urgences. Visant à fluidifier les parcours patient aux urgence, il se présente sous forme d’un questionnaire intelligent auquel le patient répond pour structurer un dossier administratif et médical, et d'outils pour aider l'Infirmière d'Orientation et d'Accueil à évaluer le cas patient selon la classification FRENCH, pour mieux l'orienter. Y compris dans le cadre du forfait réorientation. Notre objectif à court terme, pour une plus grande efficacité, est de leur donner la possibilité de le remplir à leur domicile, afin de les aiguiller vers l’établissement hospitalier le plus près de chez eux et susceptible de les accueillir le plus rapidement possible ! »

N’ayons pas peur de la e-santé !
Dans un contexte socio-économique en profonde mutation, la sauvegarde de notre système de santé est un enjeu majeur pour l’ensemble de nos concitoyens. Il revient aux professionnels de santé d’améliorer leurs pratiques, en s’appropriant de nouveaux outils numériques, avec confiance et sans appréhension.
Augmentation de l’espérance de vie, innovations médicales et investissements sur le marché de la santé de géants extérieurs au secteur médical sont les trois évolutions majeures du contexte socio-économique français.
L’amélioration des conditions de vie, les progrès de la médecine et ceux de la recherche permettent désormais à tous de vivre plus vieux et en meilleure santé. Selon l’INSEE, l’espérance de vie d’une femme est aujourd’hui en moyenne de 85 ans (contre 69 ans en 1950) et celle d’un homme de 79 ans (contre 63 ans en 1950)(1).
Le développement de la médecine de précision avec de nouveaux médicaments appelés thérapies ciblées notamment dans le traitement des cancers ont transformé, au fil des années, des pathologies mortelles en maladies chroniques. Grâce aux pratiques diagnostiques, aux progrès thérapeutiques, à la prévention et à une prise en charge plus efficace au travers des dépistages organisés, le cancer est considéré comme une affection de longue durée (ALD). Il est donc pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale.
Préserver le système de santé français…
Mis en place après de la seconde guerre mondiale, sur la base du programme du Conseil National de la Résistance, le système de santé français, est, d’une part, soumis à rude épreuve. Il subit les répercussions de ces mutations structurelles et doit faire face à un déficit chronique qui s’élevait 7,1 milliards d’euros en 2016 (dont 4,1 milliards pour l’Assurance Maladie confrontée à la prise en charge de nouvelles pathologies chroniques)(2) ; et d’autre part, à des dysfonctionnements dans certaines structures de soins, comme les services d’urgences, complètement saturés l’hiver dernier par l’afflux massif de patients atteints de la grippe, au point de déclencher des « plans blancs » sur tout le territoire !
La préservation de notre système de santé, auquel tous les Français restent très attachés parce qu’il garantit encore le principe universel de l’accès aux soins pour tous, concerne donc tous les acteurs dont, en premier lieu, les professionnels de santé, unanimes pour reconnaitre la nécessité d’améliorer leurs pratiques.ale, alors que « subir » plusieurs cancers « différents » au cours de sa vie est de moins en moins rare.
… par l’utilisation adaptée d’outils de e-santé
Cette demande de changement synonyme d’efficience et de meilleure qualité de travail dans la prise en charge du patient est indissociable de l’utilisation pertinente des outils de e-santé.
Dans le respect de tout impératif éthique, l’utilisation du Big Data de façon sécurisée contribuera à remettre l’humain au coeur de la décision médicale
Nous avons expérimenté en Rhône-Alpes-Auvergne avec tous les professionnels de santé un carnet de vaccination électronique, s’appuyant sur un système expert qui établit un diagnostic vaccinal en fonction des caractéristiques sociodémographiques, le profil santé et l’historique vaccinal de l’individu. : 1 fois sur 2 l’utilisation de cet outil permet au médecin d’adapter sa vaccination à la situation de son patient. Envisagée sous forme d’intelligence augmentée et dans le respect de tout impératif éthique, l’utilisation du Big Data de façon sécurisée contribuera également à remettre l’humain au cœur de la décision médicale, qui pourra devenir collégiale, en l’adaptant au meilleur intérêt du patient et… des finances publiques !
Un autre exemple est l’impact des objets connectés de santé sur les pratiques médicales et les relations soignés-soignants. Nous avons mené une expérimentation de télésuivi avec des professionnels de santé du terrain selon un protocole validé par le Comité de Protection des Personnes (CPP). Les résultats de cette expérimentation ont été présentés au ministère de la santé : le constat factuel est que cela permet d’éviter des hospitalisations, en permettant au médecin traitant d’adapter le traitement du patient sans attendre la prochaine consultation. Une balance connectée détecte simplement la prise de poids rapide – quelques jours – signe d’une dégradation de l’état de santé du patient (insuffisants cardiaques, insuffisants rénaux, …). Ces objets connectés s’inscrivent dans cette logique par leur capacité à suivre, en temps réel poids, tension et activités, etc. des patients et à transmettre les alertes nécessaires au médecin traitant.
Vers une « googlisation » de la santé ?
Dans ce contexte de profondes mutations de la santé et de la médecine, Google(3) a annoncé que sa filiale santé allait recruter une cohorte de 10.000 volontaires, baptisée Baseline, pour décrypter leur génome et réaliser des examens d’imagerie. Ceci représente un investissement de plus de 100 millions de dollars et soulève quelques questions sur les protocoles mis en place. Et c’est tout le problème des actions menées par ces géants qui ne sont pas des professionnels de santé et ne sont pas reconnus comme tels par les autorités.
Forte de son cadre juridique et éthique (CNIL, hébergeurs de données de santé, …) et son écosystème d’innovations adapté aux start-up (« France eHealth Tech »), la France offre un terreau idéal au développement d’une industrie leader de la e-Santé.
Économie d’échelle, meilleure coordination des actes médicaux et confiance retrouvée, un triptyque gagnant pour faire tomber les dernières réticences des professionnels en matière de e-Santé(4).

La solution Speakylink déployée gratuitement en faveur des soignants
Face à l’ampleur de la propagation du COVID 19 et la mobilisation générale des soignants, le groupe SYD a décidé de déployer gratuitement son logiciel de télédiagnostic Speakylink qui permet des échanges sécurisés entre professionnels de santé et patients confinés. Quand la technologie contribue à sauver des vies, témoignage engagé de David Le Glanaër, co-fondateur d’une entreprise pour laquelle la qualité de vie a toujours était une des priorités !
Initialement conçu pour de la maintenance industrielle, le logiciel Speakylink, développé par le groupe SYD dont vous êtes le co-fondateur, se distingue par sa simplicité d’utilisation. Quel est son principe et sa valeur ajoutée pour les professionnels de santé ?
« Speakylink se présente sous la forme de visioconférence « intelligente ». A l’origine, nous l’avons effectivement développé pour des besoins de maintenance industrielle, afin de permettre aux fabricants de constater des dysfonctionnements à distance et d’y remédier. Le principe est très simple. Il suffit d’aller sur la page web dédiée, d’entrer le numéro de téléphone portable de son interlocuteur qui recevra en retour un SMS avec un lien vidéo. En un clic, la connexion est assurée, en toute sécurité, puisque nos serveurs sont désormais hébergés chez un hébergeur HDS. Quand nous avons commencé à expérimenter la solution auprès de quelques médecins du GHT de Vendée, leurs retours nous ont été très précieux. Il est immédiatement ressorti une vraie valeur ajoutée dans le cadre du suivi des personnes confinées. Ces appels augmentés apportent non seulement une chaleur humaine essentielle dans la période actuelle d’isolement social, mais ils permettent d’avoir accès à toute la communication non verbale exprimée par les visages et les attitudes corporelles des patients. Troisième point fort qui a tout de suite convaincu les professionnels de santé, c’est l’assistance au diagnostic par le patient lui-même. En effet, pour éviter toute erreur à distance, la zone d’examen apparait sur le smartphone sous forme d’un rond de couleur qui permet de localiser avec précision l’endroit du corps à ausculter. A titre d’exemple, nous avons reçu la semaine dernière les remerciements du SAMU, qui l’a déployé en masse pour aider son personnel dans l’arbitrage quotidien des malades, face à la gestion des flux des hospitalisations. »
Depuis le début de la crise sanitaire du COVID 19, vous avez décidé de mettre cette solution gratuitement à disposition de toutes les personnes engagées à sauver des vies qui vous en feront la demande. Pourquoi un tel choix ?
« Le Groupe SYD a toujours été très impliqué d’un point de vue social et sociétal. Dès le début de la crise, avec mon associé Yann Trichard nous nous sommes demandé comment nous pourrions aider ceux qui aident. Partant du constat que nous n’avions pas la capacité de fabriquer des blouses, des masques ou du gel hydro-alcoolique, nous avons eu l’idée de mettre Speakylink gratuitement à disposition de ces nouveaux héros que sont les soignants. Aujourd’hui, cinq personnes de chez nous travaillent à temps plein pour déployer la solution auprès des professionnels qui nous en font la demande. Avant les ravages causés par le COVID 19, nous ne nous étions jamais intéressés au domaine de la santé. Cependant, cette démarche de solidarité répond aux trois valeurs définies en interne par nos collaborateurs, à savoir, l’intégrité, le respect et la solidarité. En tant que dirigeant, je peux même vous affirmer que cette dernière génère du sens et de la fierté pour les équipes. L’attention et le soin sont réellement inscrits dans notre ADN d’entreprise, ainsi que notre culture du care. Au quotidien, nous agissons pour préserver le bien être de nos salariés, ce qui nous a valu d’arriver en tête de notre catégorie, pour le Grand Ouest, dans le palmarès « Great place to work » des sociétés où il fait bon travailler. Une reconnaissance très importante pour nous. Le dialogue avec les urgentistes, les généralistes, les neurologues intéressés par notre solution se fait donc très facilement. En leur enlevant des contraintes logistiques pour leur permettre de soigner plus efficacement, nous avons l’impression d’intervenir pleinement dans le champ des missions que nous nous sommes fixés. »
D’autant plus que votre réactivité et votre efficacité face à la demande vous permettent de déployer Speakylink auprès des centres hospitaliers mais aussi des EHPAD, dans un souci de rétablir du lien entre les familles et les résidents.
« La simplicité d’utilisation de la solution est de ce point de vue un véritable atout. Notre technologie ne nécessite en effet aucune installation particulière, aucune interopérabilité et aucune formation préliminaire. C’est d’ailleurs ce qui a immédiatement convaincu le GHT de Vendée, lorsque nous sommes venus présenter la solution. Pour faciliter sa fonctionnalité, nous avons encapsulé tous les aspects sécuritaires et réglementaires de notre côté, puisque le flux vidéo et des échanges de documents ne transitent pas par nos serveurs. Au final, nous n’hébergeons donc aucune donnée personnelle. Les seules informations que nous prenons le soin d’anonymiser sont celles des numéros de téléphone et de la durée des appels. Dès lors, rien de plus facile pour une personne âgée, stressée ou démunie face à la technologie. C’est la raison principale qui explique qu’aujourd’hui, de plus en plus de structures font appel à nos services. Nous faisons actuellement des tests dans un centre hospitalier en Alsace tandis que nous avons réussi à déployer Speakylink, en une journée, dans un EHPAD de Loire Atlantique pour que les personnes âgées ne se sentent pas coupées de leur famille. La demande nous est parvenue à 10h30 et à 17 heures le logiciel était opérationnel. Enfin, en termes de réactivité, nous avons immédiatement tenu compte des remarques des médecins, comme le besoin exprimé de pouvoir échanger des photos. Et nous continuerons à faire évoluer notre technologie en fonction des retours du front des soignants ! »

mySofie : une solution innovante pour simplifier la vie de l’assuré
En offrant la possibilité à ses utilisateurs d’accéder à l’ensemble de ses contrats et données de santé ainsi qu’à ceux de ses proches, l’application servicielle mySofie simplifie la vie de l’assuré. Explication et analyses par Philippe Baranski, cofondateur de cette solution innovante tournée vers une meilleure compréhension de l’assurance maladie.
Pourquoi avoir fondé mySofie et quelle est sa raison d’être ?
« Avant de lancer mySofie, nous avons réalisé plusieurs études de marché pour interroger les Français sur ce qu’ils attendaient de leur complémentaire santé, en termes de services. Fort des résultats obtenus, nous avons développé un agrégateur de prestations santé. Une solution totalement « plug-and- play », capable de réunir au sein d’une même application l’ensemble des contrats santé d’une famille, en lien avec la sécurité sociale et les mutuelles. Aujourd’hui, nous sommes en capacité de pouvoir rapatrier toutes les informations et tous les flux financiers de la famille, de manière à ce que la personne qui gère le budget santé du foyer, puisse avoir une vision exhaustive de l’ensemble de ses remboursements, de ses garanties, de ses droits et informations par rapport à sa couverture santé. L’idée est de simplifier la vie de l’assuré quant à son propre accès aux soins ou à celui de ses ayants-droits ou de leurs proches. Nos utilisateurs ont ainsi la possibilité de pouvoir connecter le compte de leurs parents pour lequel il serait aidant familial et de suivre à distance, depuis leur application, l’ensemble de la gestion administrative du contrat de santé de l’aidé. Nos partenaires travaillent en lien avec des médecins et des comités scientifiques afin de mettre à disposition des personnes, des services du quotidien, pour anticiper un certain nombre de besoins. Opérationnelle depuis juin 2018 et commercialisée depuis octobre 2018, mySofie est donc une solution servicielle. Elle est gratuite et téléchargeable sur les stores mais aussi vendue aux assureurs en version premium avec des services supplémentaires. Aujourd’hui, nous comptons plus de 10 000 utilisateurs actifs qui viennent en moyenne tous les trois jours sur l’application, une première vraie réussite en termes de consultations.
Enfin, dernière particularité de notre société basée à Bordeaux et à Marseille, celle de permettre à nos 14 collaborateurs de travailler où ils veulent en France, afin qu’ils puissent organiser au mieux leur vie professionnelle et leur vie privée. »
Vous avez participé au dernier CES de Las Vegas. Quel bilan en tirez-vous ?
« Nous avons présenté notre solution pendant plus d’une semaine aux acteurs américains et avons reçu des retours extrêmement positifs. La notion d’agrégation a, dans ce pays, encore plus de sens et de profondeur qu’en France, dans la mesure où les assureurs n’interviennent pas sur l’intégralité des soins mais par secteur spécialisé comme l’optique, les soins dentaires, la médecine douce, la chirurgie, etc… Couvrir toute une famille nécessite donc plusieurs contrats différents. D’où l’importance pour l’utilisateur d’être en capacité d’agréger les données issues de multiples interlocuteurs. »
Avez-vous été confronté à certains freins pour le développement de la solution ?
« Pour l’heure non, au contraire nous avons plutôt bénéficié de la mise en place du RGPD, en mai 2018. Dans la réglementation européenne, il est clairement énoncé que la donnée appartient non pas à l’opérateur mais à l’utilisateur qui peut la confier à un tiers s’il le souhaite. Notre société et les données qui transitent via un hébergeur certifié HDS (Hébergeur de Données de Santé). Notre valeur ajoutée est de récupérer de la donnée brute, parfois incompréhensible pour la personne, de la rendre lisible et ergonomique de manière à pouvoir être exploitée dans un souci de rassurer l’assuré quant à sa santé. Je le répète, mySofie n’a pas vocation à soigner mais à apporter le soin au plus proche de l’utilisateur. C’est pourquoi, nous avons rajouté autour de la solution d’agrégation de compte un magazine d’informations santé, un service de téléconsultation disponible 7j7 et 24h24, tout comme la fonctionnalité visant à pouvoir transférer son ordonnance à la pharmacie et se faire livrer son médicament à domicile. Nous rajouterons de nouveaux outils au fur et à mesure de l’avancé de notre développement. D’ores et déjà nous allons pouvoir référencer les réseaux de soins et géolocaliser tous les professionnels de santé autour de l’utilisateur. »
Quel est votre point de vue sur la crise sanitaire actuelle ?
« La problématique sera demain plutôt d’ordre économique que sanitaire à proprement parlé. Par rapport à la vitesse à laquelle le virus, ses souches et ses modifications ont été détectés, ainsi que la rapidité à trouver des manières de soigner les personnes touchées, on retiendra demain surtout que cet épisode pandémique a provoqué un vent de panique économique sans commune mesure. Il est choquant de constater qu’actuellement aucun acteur privé ne se mobilise comme ce fut le cas après l’incendie de Notre-Dame*. Au contraire, on assiste à un terrible repli sur soi. Tout le monde prend conscience de l’extrême fragilité de notre modèle économique, très lié à l’émotionnel. C’est terrible car économiquement parlant il n’y a pas de vent de solidarité. Au pire moment de la crise en Chine, l’OMS réclamait de l’argent pour aider ce pays, deuxième puissance mondiale ! Cette conscientisation de la notion de propriété de la richesse conduira peut-être à l’avenir à faire du business autrement. J’ai le sentiment que le monde n’en sortira pas indemne, avec un impact économique beaucoup plus fort que l’impact sanitaire. »
*le groupe LVMH a depuis annoncé vouloir produire gratuitement du gel hydroalcoolique pour les hôpitaux

La sécurité informatique va finir par s’imposer d’elle-même à l’hôpital
Pour Alexandre Aubert, directeur du GHT NOVO, la sécurité informatique va finir par s’imposer au sein des établissements de santé par la mise en œuvre des groupements hospitaliers de territoire et la convergence de leur Système d’Information (SI). Un point de vue salvateur pour que cette prise de conscience soit partagée par le plus grand nombre de directeurs hospitaliers.
Après avoir été DSI, vous avez dirigé plusieurs hôpitaux et êtes depuis 2016 à la tête d’un GHT générant un budget de fonctionnement de 475 millions d’euros. Quelle place occupe aujourd’hui la sécurité informatique au sein des directions hospitalières ?
« Si mes collègues imaginent ce que peut être la réalité d’un hôpital démuni d’informatique à la suite d’une cyber-attaque, comme ce fut le cas dernièrement au CHU de Rouen, je ne suis pas sûr qu’ils mesurent pour autant toutes les implications au niveau de la Direction des SI. Il est normal qu’ils ne réalisent pas forcément l’ampleur du travail que nécessitent la reconstruction d’un serveur et la récupération de données, parfois définitivement perdues. Il n’est pas simple de concevoir toutes les conséquences de la perte subie (absence du codage des actes, heures supplémentaires des personnels, renfort d’intérimaires pour reprise des saisies…). Les directions hospitalières ont de plus en plus conscience de l’importance et de la fragilité d’un SI sans donner forcément à la sécurité informatique les moyens dont elle a besoin ».
Quoi qu’on en dise, ce domaine reste très compliqué et on ne peut pas demander à mes collègues d’acquérir cette compétence du jour au lendemain. D’autant plus que les usages évoluent. Vouloir partager la même identité au sein d’un GHT ou avec un hôpital de proximité pour « fluidifier » les parcours de soins risque d’ouvrir une faille et de fragiliser le système d’information. Sans compter que diriger un établissement de santé suppose une gestion tellement complexe que la sécurité informatique est généralement déléguée au DSI ».
Au sein du Centre Hospitalier René-Dubos de Pontoise, établissement support du GHT Nord Ouest Vexin Val-d’Oise, vous disposez d’un RSSI et d’une personne en charge du RGPD. Quels conseils pourriez-vous donner pour encourager cet « investissement » ?
« Le Centre Hospitalier René-Dubos de Pontoise est un établissement de recours du Nord Île- -de-France qui dispose d’une offre de soins variée, avec toutes les spécialités médicales et chirurgicales, à part la neurochirurgie et la chirurgie cardiaque. A lui seul, il dépasse les 300 millions d’euros de budget annuel. Nous nous sommes donc doté d’un RSSI, que nous partageons avec d’autres structures territoriales grâce à un dispositif encouragé par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Île-de-France. Cette mesure permet de pallier au manque de moyens et de mettre en commun des compétences car les RSSI, qui ne sont pas nombreux, peuvent avoir un coût très important pour les hôpitaux que tous ne sont pas en mesure d’assumer. Nous avons également un ingénieur de la DSI, dédié au RGPD, qui travaille en lien étroit avec le RSSI. Les établissements hospitaliers de plus de 100 millions d’euros sont également soumis au commissariat aux comptes qui audite la qualité du SI et sa sécurité, indépendamment des orientations et des priorités de la direction. De plus, un hôpital qui voudrait, par exemple, bénéficier du programme HOP’EN (pour « Hôpital numérique ouvert sur son environnement ») devra régulièrement passer un audit en matière de sécurité informatique. Donc, progressivement, la sécurité informatique va finir par s’imposer d’elle-même. Enfin, la mise en œuvre des GHT favorise cette évolution récente puisqu’elle donne au directeur général de l’établissement support des prérogatives parmi lesquelles le SI, qui lui permet d’appliquer une politique générale de sécurité du SI sur les autres structures du GHT même s’il n’en n’a pas la direction ».
Quel message souhaiteriez-vous faire passer aux directeurs d’établissements ?
« J’ai envie de dire à mes collègues qu’en investissant dans la sécurité informatique : ils ne « jettent pas l’argent public par les fenêtres ». Il suffit de penser au CHU de Rouen, qui disposait d’une DSI structurée et performante, et aux conséquences de l’attaque sur son fonctionnement pendant des semaines. Je voudrai aussi souligner la vigilance des DSI qui font des exercices de phishing ou d’hameçonnage et l’importance de les écouter en CODIR. Enfin, il est important d’accompagner les directeurs d’établissements dans l’arbitrage entre sécurité et métier. Pour le personnel soignant, les outils informatiques sont avant tout une aide et ne doivent pas les empêcher de travailler ».
Des questions sur cette thématique, retrouvez notre offre dédiée à la Cybersécurité

Les Serious Game, un outil pédagogique de la cybersécurité en Médecine Numérique
Les cyberattaques sont une réalité qui envahit de plus en plus l’univers médical et peu nombreux sont ceux qui pourraient y résister. La seule question pertinente à se poser n’est pas de savoir si une attaque est possible, mais de savoir quand elle surviendra, comment et quelles en seront les conséquences…
Le règlement européen relatif à l’ENISA (Agence européenne pour la cybersécurité) et à la certification de cybersécurité(1)
récemment voté, le souligne dès son introduction :
« La cybersécurité n’est pas qu’une question liée à la technologie, mais une question pour laquelle le comportement humain est tout aussi important. C’est pourquoi il convient d’encourager vivement les citoyens, les organisations et les entreprises à adopter une « hygiène informatique », à savoir des mesures simples, de routine qui, lorsqu’ils les mettent en œuvre et les effectuent régulièrement, réduisent au minimum leur exposition aux risques liés aux cybermenaces ».
Le risque Cybersécurité en santé : une question de vie ou de mort ?
Avec l’avènement de la Médecine Numérique(2), c’est la vie des patients qui est le seul véritable « enjeu ». En effet, la cybersécurité en santé ne se réduit pas à la sécurité ou à l’intégrité d’appareils ou de logiciels sur un poste informatique. Des dispositifs médicaux à l’e-santé, de la télémédecine aux systèmes numériques robotisés, il est indispensable de protéger les patients des vulnérabilités technologiques auxquelles le progrès technique l’expose… auxquels les progrès de la Médecine Numérique les exposent.
Désormais une responsabilité sans cesse croissante de cybersécurité incombe aux professionnels de santé et certainement aux patients eux-mêmes. C’est cette réalité qui doit inciter chaque acteur à une prise de conscience, chaque responsable, à s’interroger sur nouvelle « approche » de la cybersécurité en santé pour qu’au final chacun soit partie prenante, à son niveau, de la démarche de sécurité du (et autour) du patient.
L’avènement des Pathologies Bio Numériques (ou Cyber Initiées)
WannaCry(3) le ransomware encore présent dans tous les esprits, fut une attaque peu sophistiquée qui n’avait pas pour objectifs de compromettre des données médicales.
Mais il est impératif d’anticiper des cas de figure ou la finalité d’une cyberattaque ne serait pas les données(4) !
Dans ces différents cas de figure les « attaquants » tenteraient d’avoir accès aux dossiers médicaux non pas pour chiffrer les données afin de les vendre ou d’obtenir une rançon, mais plutôt pour saboter une recherche, commettre une fraude à l’assurance, un meurtre ou même un acte de terrorisme….
Voici concrètement deux illustrations des « cyberattaques de demain ».
1. Injection/suppression de pixels dans les images
Des chercheurs israéliens ont montré qu’il était possible et assez simple, de falsifier(5) la présence d’un cancer du poumon sur des scanners. Pour parvenir à ce résultat, ils ont utilisé l’apprentissage en profondeur (Intelligence artificielle) afin d’intercepter et modifier certaines modalités présentes dans un réseau hospitalier actif en l’infiltrant de manière dissimulée. Les modifications des clichés n’ont pris que quelques millisecondes et elles se sont avérées suffisamment « crédibles » pour leurrer trois radiologues expérimentés et une intelligence artificielle d’apprentissage en profondeur à la pointe de la technologie.
Aucun n’a su déceler les falsifications et chacun a rendu des diagnostics erronés.
2. Attaque ciblée sur des Dispositifs Médicaux
Un exploit décrit dès 2017 prouvait que les dispositifs médicaux implantés tels que les stimulateurs cardiaques étaient piratables(6) c’est-à-dire qu’un tiers non autorisé pouvait avec des équipements « disponibles dans le commerce » modifier la programmation des appareils pour contrôler la stimulation ou vider les piles. La même année, la Food and Drug Administration (FDA) avait déjà publié un avertissement(7) similaire à l’égard des stimulateurs cardiaques implantables qui pourrait être utilisé pour administrer une stimulation ou des chocs inappropriés. Depuis les risques n’ont cessé de croître.
Les fabricants de dispositifs médicaux et la FDA ont parfaitement pris conscience des défis liés à la cybersécurité dans les soins de santé : c’est pourquoi la FDA a déjà défini des directives sur la manière dont les fabricants de dispositifs médicaux doivent gérer les risques liés à la sécurité avant et après la mise sur le marché de leurs produits. Un groupe de fabricants de dispositifs médicaux (dont Abbott, Philips et Medtronic) se sont engagés à collaborer avec des spécialistes informatiques et des chercheurs en sécurité sur les vulnérabilités de leurs dispositifs et d’y remédier(8).
En France, l’ANSM a lancé en juillet 2019 une consultation publique(9) sur un projet de recommandations pour la cybersécurité des dispositifs médicaux.
Ne pas tenter de transformer les médecins en experts informatiques(10)
Sans passer en revue toutes les mesures à prendre, un pas de géant à faible coût serait réalisé en « accroissant la sensibilisation des professionnels de santé à la (cyber)sécurité »(11).
Il existe une forme de cloisonnement entre les experts de la cybersécurité qui sécurise les systèmes d’information santé et les professionnels de santé qui défendent leurs prérogatives sur les soins prodigués aux patients. Mais il est vital que les seconds cernent l’importance de la cybersécurité et l’intègre dans leur quotidien médical, car ils sont en contact immédiat avec les patients directement exposés par les systèmes insuffisamment protégés.
Une approche orientée « Médecine Numérique » permettrait d’intégrer nativement la cybersécurité dans les cursus de formation des « professions de santé » afin qu’elle anticipe les menaces et ainsi respecte ses obligations déontologiques(12).
Comment sensibiliser les acteurs de santé aux réalités, aux enjeux des cybermenaces ? Une solution parfaitement adaptée au monde de la santé pourrait passer par les Serious Game !
Le serious game a un potentiel pédagogique et stratégique éprouvé. Il permet de positionner des joueurs (les apprenants) au sein d’un scénario fictif mais guidé, pour qu’une fois mis en situation, ils puissent tirer des enseignements bien réels sur les thématiques au cœur du jeu.
Afin de sensibiliser voire de former les professionnels de santé et, plus globalement les intervenants du monde de la santé aux fondamentaux de la cybersécurité, il conviendrait de transposer à l’aide d’un Serious Game les principes d’une cybersécurité « santé/médicale ».
Qu’est-ce qu’un serious game ?
Le serious game est fréquemment associé aux outils de réalité virtuelle et de réalité augmentée qui permettent de se placer dans l’immersion, souvent très opérationnelle, d’une situation. Ces outils sont des moyens qui servent d’entraînement, comme
par exemple monter le long d’un pilier à haute tension afin de le
réparer, intervenir sur une catastrophe ou mettre au point une opération tactique. Les serious game en général et le wargaming en particulier englobent à la fois les jeux vidéo et les jeux de plateaux. Ces derniers, très largement utilisés dans les pays anglo-saxons, ont l’avantage d’être faciles à déployer et à moindre coût, tout en ayant une certaine agilité au niveau des règles et des supports. Ils ont surtout la grande vertu de mettre face à face de vraies personnes et de leur donner l’occasion de mieux comprendre les réactions et comportements humains, dans une mise en situation choisie. En pratique, à la sortie d’une séance de jeu arbitré, les participants repartent avec plus de questions qu’ils n’en avaient au départ, parce qu’ils ont réussi à approfondir le sujet et à découvrir de nouvelles perspectives.
Quelle différence avec le wargaming ?
Le wargaming a bien entendu une origine militaire. Les wargames cherchent à tester, imaginer ou jouer une opération militaire, en préparation de cette opération ou pour mieux comprendre comment elle s’est déroulée. Suivant les différents échelons d’intervention, ils agissent au niveau stratégique, opérationnel ou tactique. Le domaine du business wargaming, qui s’inspire des wargames, offre actuellement un large champ d’exploration.
Pourquoi la cybersécurité dans le domaine de la santé peut-elle avoir recours aux serious game ?
Les serious game ont des valeurs pédagogiques éprouvées. Ainsi, une heure de session de jeu peut en apprendre autant, voir beaucoup plus, que trois heures de Powerpoint ! Ce temps, conçu pour se poser et mieux réfléchir, donne l’expérience de la décision. Il est notamment possible d’insérer un serious game dans un exercice cyberattaque servant, entre autres, à tester la rapidité de décision et les flux d’informations contradictoires afin d’éprouver la coopération face à des scénarii catastrophes. En santé, les plus gros problèmes de cybersécurité résident moins dans les failles de sécurité des systèmes que dans l’émergence d’environnements hybrides et complexes dans lequel l’«Humain» est prépondérant.
Bien entendu la valeur des données de santé à caractère personnel, fait des organisations de soins de santé, une cible de choix. Mais cet aspect est secondaire. C’est pourquoi il ne faut pas se focaliser sur la valeur des données, ni mêmes sur les problèmes liés au rétablissement des systèmes après une cyberattaque, le groupe Ramsay Générale de santé a rapidement bloqué une cyberattaque obligeant à basculer en mode dégradé pendant plus d’une semaine(13).
Le jeu est une bulle qui permet de tester tous ces paramètres, dans un environnement clos et sans conséquences extérieures.
Comment le jeu s’adapte-t-il aux différents scénarii dans la santé ?
Il faut d’abord partir de la question posée et de l’objectif pédagogique attendu, pour trouver le moteur de jeu correspondant
aux profils et au nombre de participants, à la durée et au format voulu. Parmi la diversité des choix possibles, il suffit d’adapter le
moteur de jeu et de l’adosser, avec des experts du domaine, à un scénario.
L’intérêt particulier des serious game pour sensibiliser les professionnels de santé réside également dans leurs capacités à rendre concret des concepts de cyber-attaques et de cybersécurité. En effet, si les acteurs de la santé ne sont pas formés à comprendre
ce qu’est la kill-chain, la défense en profondeur ou les mouvements latéraux, tout le monde sait ce que c’est dans un jeu de prendre un pion, lancer des dés, tirer des cartes… En transposant les principes de cyber attaques en mécanismes de jeu bien connus, on rend accessible et compréhensible un domaine dans lequel les joueurs n’ont pas de connaissances particulières.
Les données enregistrées, telles que les décisions et les réactions des joueurs, constituent une source de renseignements précieuse pour affiner le scénario.
Découvrez nos offres d'accompagnement CyberSécurité Santé

La médecine 5P au service de la prévention et des usagers 3.0
Avec Vivoptims Solutions, la prévention se fait personnalisée, participative, prédictive, davantage médicalisée et prouvée. Une nouvelle prise en charge préventive, humaine et digitale, pour accompagner les participants vers un mieux-vivre en santé que nous détaille Virginie Femery, directrice générale de cette jeune et dynamique société.
Les dispositifs d’accompagnement préventifs développés par Vivoptim Solutions apparaissent comme un nouvel outil du parcours de santé et complémentaire du parcours de soins, notamment pour les patients chroniques. Comment s’applique au quotidien leur double vocation de rendre la prévention plus efficace et d’accompagner l’évolution du système de santé ?
« Le positionnement de Vivoptim Solutions est effectivement de rendre la prévention, qu’elle soit primaire, secondaire ou tertiaire* beaucoup plus efficiente qu’elle ne l’est depuis 50 ans, par un accompagnement en amont et en aval du parcours de soins. Dans notre optique, elle ne se limite pas à la seule promotion de la santé. Pour limiter l’apparition de maladies liées aux habitudes de vie et réduire les risques de résurgence, elle se personnalise et s’individualise, grâce à une méthodologie unique alliant outils digitaux et plateforme téléphonique médicalisée. Nos protocoles d’accompagnements s’appuient donc sur trois facteurs principaux. Le premier est un profilage santé assez fin qui repose sur l’analyse des réponses à différents questionnaires portant sur les déterminants de santé, les données déclaratives renseignées sur le portail participant ou celles émanant d’objets connectés. Le second permet de mesurer le niveau de motivation de chacun, un niveau sur lequel nos équipes travaillent beaucoup, tant il est essentiel de savoir si la personne est prête à changer son comportement ou si elle est dans le déni complet d'un risque de santé tels qu'un comportement addictif, la sédentarité, de son surpoids ou de son état de stress. Cette meilleure connaissance de soi permet ensuite de fixer avec elle des objectifs raisonnables à atteindre, qui constituent le troisième élément clé de nos dispositifs. »
*Sont classiquement distinguées la prévention primaire qui agit en amont de la maladie (ex : vaccination et action sur les facteurs de risque), la prévention secondaire qui agit à un stade précoce de son évolution (dépistages), et la prévention tertiaire qui agit sur les complications et les risques de récidive. (source : HAS - Haute Autorité de Santé)
Si un système expert (pour ne pas parler d’IA – terme galvaudé en ce moment) permet un premier profilage en analysant toutes les données récoltées, votre méthode d’accompagnement innovante tire sa force et son originalité de l’implication d’experts scientifiques et de professionnels de santé. A l’heure du « tout numérique », vous replacez donc l’humain au cœur du parcours de santé ?
« Tous nos protocoles sont construits et validés par un comité scientifique qui veille à l’éthique de notre méthode et nous accompagne dans la construction de protocoles d'évaluation pertinents pour mesurer les impacts de nos Dispositifs d’Accompagnement Personnalisés sur les déterminants et les dépenses de santé par exemple. Selon les dispositifs d’accompagnement et les thématiques, nous faisons appel à des experts, des praticiens, des cliniciens qui sont en contact direct avec les patients pour que les messages clés que nous diffusons aident les participants à s’engager et à « transformer l’essai ». Le deuxième niveau de personnalisation vient de la présence de professionnels de santé, en lien téléphonique ou digital (visio ou tchat) avec les personnes. Cette étroite relation avec des généralistes, des spécialistes, des para-médicaux fait toute l’originalité de notre accompagnement qui est médicalisé et réellement humain. Notre méthode s’ancre pleinement dans la médecine des 5 P : préventive, personnalisée, participative, prédictive et prouvée. Pour parvenir à toucher les personnes, quel que soit leur âge, l’entrée qualité de vie/bien être est très efficace. Les réponses aux questions du type « Est-ce que vous estimez avoir un bon niveau de qualité de vie ? Vous avez une douleur ? Vous dormez mal ? Vous êtes stressé ? » permettent de les orienter, sans les forcer, vers le dispositif d’accompagnement approprié. Par exemple, en cas d’addiction, il ne sert à rien de parler de sevrage de manière frontale. En étant dans l’échange et le dialogue, via notre plateforme téléphonique, nous créons du lien social et redonnons aux participants une certaine confiance et estime de soi. Le sport-santé est aussi un levier pour resocialiser l’individu par une pratique d’activités en groupe intéressante à valoriser, au-delà de simples objectifs santé. Cette vision se poursuit également par la mise en place d’un forum, modéré par les professionnels de santé qui lancent des sujets de discussions et la valorisation de « patients ressources », moteurs pour animer des groupes de paroles. »
Après le succès de la phase expérimentale de son programme portant sur les risques cardiovasculaires, la société Vivoptim Solutions a été créée en 2018. Quels sont aujourd’hui les premiers retours d’expérience et votre stratégie de déploiement ?
« La méthode suscite l’adhésion des participants puisque près de 95 % d’entre eux souhaitent continuer d’utiliser nos dispositifs d’accompagnement préventifs. Nous constatons également que par notre repositionnement « mieux vivre » nous parvenons à toucher toutes les tranches de la population, ce qui n’était pas le cas avec la prévention des maladies chroniques. Cependant, les seniors restent les participants majoritaires de Vivoptim Solutions. Ce qui est très encourageant : c’est qu’une fois que l’accompagnement par les professionnels de santé de la plateforme est initié, les adhérents vont jusqu’au bout et modifient leur comportement. L’efficacité de l’intervention humaine s’avère donc bien réelle ! Ce sont sur les changements d’habitudes alimentaires et sur la sédentarité que nous obtenons les meilleurs résultats. L’adhésion est plus difficile sur les thématiques relevant des addictions. Les premiers retours d’expérience nous montrent un usage marqué en mobilité et une forte utilisation des webinaires. Les participants veulent pouvoir accéder facilement et simplement aux informations. Or, appliquer aujourd’hui la réglementation de manière académique est un frein aux usages digitaux et aux évaluations. Le virage numérique en santé est encore très long et ralenti par des règles européennes qui, même si elles sont nécessaires, compliquent l’accès aux espaces protégés. C’est pourquoi nous avons créé un chatbot pour faciliter les inscriptions, cette interface permettant de ne pas perdre des adhérents en route. Quant au déploiement, trois nouveaux dispositifs vont être lancés. Ils concernent l’état général/bien être, le sport-santé et la gestion des comportements addictifs. Le dispositif d'accompagnement Vivoptim cardio est aujourd'hui expérimenté en prévention tertiaire pour des patients coronariens en sortie de SSR (soins de suite et réadaptation) avec pour objectif de proposer une solution d'éducation thérapeutique hors les murs. »

Vers une forme olympique pour tous !
Modeste quant il s’agit d’évoquer son parcours, Jean-Claude Jouanno résume son engagement par quarante années de bénévolat dans diverses associations dont presque vingt au sein du Comité Départemental Olympique et Sportif Rhône-Métropole de Lyon qu’il préside. Au service de l’intérêt général, il s’investit aujourd’hui dans le lancement d’une plateforme sport santé dont l’objectif est de promouvoir les activités physiques et sportives pour tous, en lien avec les acteurs territoriaux de santé et l’important maillage associatif. Une proximité primordiale pour que chacun puisse espérer gagner, au-delà d’une forme olympique, une meilleure image et estime de soi !
Avec le lancement de la plateforme sport santé, le Comité Départemental Olympique et Sportif Rhône-Métropole de Lyon que vous présidez souhaite rendre accessible les pratiques sportives à toutes les personnes, même celles qui s’en sentent les plus éloignées. Quels sont ses moyens d’action et son lien avec l’URPS des Médecins libéraux ?
‘‘ Dans le cadre des missions confiées par le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), nous œuvrons au sein du Comité Départemental Olympique et Sportif Rhône-Métropole de Lyon (CDOS - RML) pour promouvoir une pratique physique et sportive adaptée à tous, en nous appuyant sur un maillage associatif très fort. Plus de 5 000 clubs et 77 comités départementaux sont en effet recensés sur notre territoire, rassemblant plus de 500 000 licenciés. Ils occupent le terrain en permanence et constituent un réseau et un relais exceptionnels pour mettre en relation tous les profils de la population avec des éducateurs et des intervenants capables d’analyser les comportements de chacun et de détecter l’activité la plus appropriée. Le rapprochement avec l’URPS des Médecins libéraux est une suite logique à notre action, tant ces professionnels de santé peuvent jouer un re primordial dans l’orientation de leurs patients vers des structures de proximité, pour ‘‘ bouger leurs corps’’ de manière préventive ou curative. Je crois sincèrement que c’est cette proximité qui fait la réussite de l’individu, dans sa façon de vouloir se construire ou se reconstruire. L’URPS est un partenaire indissociable pour que notre schéma, intitulé ‘‘ Vers une forme olympique pour tous ’’, se mette en place de manière opérationnelle. En reprenant cette expression entrée dans le langage courant, nous souhaitons toucher le plus grand nombre de gens possible et les aider à retrouver un nouveau go pour la vie. ’’
La finalité de ce projet va bien au-delà de la possibilité de pratiquer une activité sportive adaptée. Peut-on parler d’utilité sociale ?
‘‘ A titre personnel, et j’approche des 70 ans, je me suis toujours placé dans l’intérêt général afin d’essayer de rendre les gens heureux, convaincu qu’il est essentiel de valoriser le travail et l’engagement de chacun. Il faut prendre le problème de la santé à la base et évoquer la nutrition, le savoir être, la façon de se comporter et la nécessité des échanges entre individus. La bonne santé physique passe d’abord par une bonne santé mentale. C’est pour cette raison que, dans un cadre humaniste, nous agissons pour que les gens renouent avec des manières d’être qu’ils ont malheureusement oublié. Nous constatons quotidiennement une forte demande de lien social. Il est donc important, à travers les milliers de rendez-vous sportifs organisés tous les week-ends sur le territoire, d’identifier de futurs bénévoles qui retrouveront l’envie d’aller vers les autres. Il suffit d’oser. Comme quand on monte les marches plut que prendre l’ascenseur. C’est un premier pas et peut être le plus dur. L’individu est au centre de notre démarche. Indépendamment de son âge, ses pathologies, ses envies, son statut social, le tissu associatif peut l’aider à valoriser son image et lui redonner confiance en lui. Notre objectif est de contribuer, même modestement, à donner un sens à sa vie en favorisant, sur le terrain, ces belles rencontres intergénérationnelles. Notre force est d’être en lien direct avec notre territoire, qui est petit par la superficie mais grand par la valeur ajoutée humaine. Et de nous donner les moyens de répondre à cette demande pressante. ’’
Constatez-vous une évolution majeure du regard de la société sur le sport ?
‘‘ Il y a vingt ans, le sport était bien souvent jugé dangereux. Aujourd’hui, la société a complètement changé de point de vue, consciente qu’encadré par des professionnels il contribue à répondre à un enjeu économique majeur : plus les gens sont en bonne santé, moins ils sont absents au travail. Toutes les études le prouvent. Le sentiment de bien être et de bonne humeur influe sur la production. Ensuite, on doit distinguer la dizaine de sports majeurs, dont on parle tout le temps, des centaines de pratiques sportives qui ne sont jamais évoquées. La partie émergée de l’iceberg est nécessaire sur le plan économique et financier, mais aussi pour entretenir le rêve auprès de la population. Quand il s’agit de s’occuper de soi-même, c’est plus compliqué, il faut des locomotives. Et c’est là que nous agissons, dans l’opérationnel. Autour d’un bureau, il est facile d’avoir de bonnes idées, les appliquer est une autre histoire… De par notre statut olympique, nous ne faisons pas de politique. Nous nous contentons d’apporter notre savoir faire, notre connaissance des freins et des contraintes, notre observation de l’évolution des mentalités, en nous appuyant sur un maillage territorial complexe et qui donne des résultats excellents. C’est passionnant d’occuper le terrain ! Toutes ces leçons de vie, ces enseignements je les ai toujours eues en moi. S’occuper de soi même, c’est aussi s’occuper de l’autre et avoir un regard différent. Dans une société en perte de valeurs humaines, les individus ont besoin d’authenticité et de revenir à qui ils sont vraiment et avec qui ils veulent être entourés. Ils ne peuvent pas toujours être dans la compétition. Tout le monde ne peut pas devenir champion du monde et champion olympiques ! Nous les aidons donc à se positionner et à redonner du sens à leurs actions. Et des sens, il y a beaucoup et à chaque période de la vie ! ’’

Dispositifs médicaux et objets connectés (non DM), l’impérative distinction !
